LES PIVOINES

Publié le par christiane loubier

 

Tout juste le temps d'être de petites balles, de

petits globes lisses et denses, quelques jours;

puis, cédant à une poussée intérieure, de s'ouvrir,

de se déchiffonner, comme tant d'aubes autour

d'un poudroiement doré de soleil.


Comme autant de robes, si l'on veut. Si vous y

incite l'insistante rêverie.

 

 

Opulentes et légères, ainsi que certains nuages.

 

 

Une explosion relativement lente

et parfaitement silencieuse.

 

 

La grâce dérobée des fleurs.

 

 



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Philippe Jaccottet
Cahier de verdure, Les pivoines


POUR QU'IL PLEUVE

Publié le par christiane loubier

Cette absence

Cette tombe

Trop lourdes

Pour mes genoux

Privés d’éternité

 

Le loup de la légende

Ces belles histoires

Encore sur tes lèvres

Ton nom aussi

 

Le nid de l’oriole

L’air de la viole

Et le violet lilas

Pour que le souvenir

Ne mente pas

 

Une bordée d’oiseaux blancs

Un très long chant

Pour qu’il pleuve

Sur ce dernier chagrin

 

 

 

Christiane Loubier

LE CRI ROND DU MERLE

Publié le par christiane loubier

Le cri rond du merle

roule vers l'avenir.

 

 

 

Jean Mambrino
Le mot de passe

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  La becquée au nid, Beauport (Québec)

SOIRS DU VAUCLUSE...

Publié le par christiane loubier

Soirs du Vaucluse, funèbre Provence. Les roseaux bordent

des champs de cendres où errent nos propres ombres, privées

du lait des jours. Une fois encore, la cigale chante. Une dernière

brise murmure dans les herbes. La fierté rend ses armes et

apprend à mourir. Le soir est mélodieux.

 

 

 

Albert Camus
La postérité du soleil 

 

Camus p 38 arbre 
          

           Photographie qui accompagne le poème : Henriette Grindat

 

LE BONHEUR DES ÉPAVES

Publié le par christiane loubier

La peur mouillée a éteint la bougie

Nos deux corps à pic ont coulé

 

Deux épaves de cire

Ondoyant à flot sur le désir

 

Dédaignant le brasier

Qui consume trop tôt l'horizon

 

 

 

Christiane Loubier

TU ES ASSIS...

Publié le par christiane loubier

Tu es assis

devant le métier haut dressé de cette harpe.

 

Même invisible, je t'ai reconnu,

tisserand des ruisseaux surnaturels.

 

 

 

Philippe Jaccottet
À la lumière d'hiver