POUR FAIRE UNE PRAIRIE

Publié le par christiane loubier

Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille—
Un seul trèfle, et une abeille
Et la rêverie.
La rêverie seule fera l'affaire
Si on manque d'abeilles.
 
 
 
Emily Dickinson
Traduction de Patrick Reumaux
Autoportrait au roitelet (Correspondance)
Signature d'Emily Dickinson
Source : Houghton Library, Harvard University

 

 

L'ENFANT POÈTE

Publié le par christiane loubier

Il y aura toujours la table
L’enfant accoudé à son silence
Les yeux ouverts en étoiles
Et qui brûlent tout par délivrance.
[...]
 
 
 
Rina Lasnier
Mémoire sans jours, L'enfant poète (extrait)
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
Sculpture : Claire Aubin
La statue a été coulée en bronze par la Fonderie d'art d'Inverness.
Source de la photo : Galerie publique de Claire Aubin

 

LA GRANDE FORCE DES OISEAUX...

Publié le par christiane loubier

La grande force des oiseaux est de passer inaperçus, de se tenir au lieu
même de l’inaperçu. C’est à cet endroit qu’ils travaillent, qu’ils ravaudent
incessamment le monde, le cousent à sa suture insue, à l’espèce de cicatrice
ouverte dont ils sont le trajet.
 
 

Laurent Albarracin
Les oiseaux, Les Deux Corps, Rennes, 2014

POTIRON SEC DÉCORÉ PAR UN PEINTRE NAÏF

Publié le par christiane loubier

Le petit cheval brun galope
sans selle, sans cavalier.
Vers ce soleil qui est aussi une fleur?
Ou bien fuit-il cette autre fleur géante
qui est peut-être un pire soleil
ou une plante carnivore
ou une plante trop belle pour ses yeux de cheval?
Le petit cheval fuit éternellement
et moi je le regarde
et déjà je bouge.
— Mais qu'est-ce que je fuis?
 
 
 
 
 
 
 
Paul de Roux
Entrevoir, Dans l'air léger, 1987
 
 
 Petit cheval jaune, en tôle découpée
 Anonyme

MATRIARCHE

Publié le par christiane loubier

Une mère trop grosse
Pour un enfant trop pâle
Qui craint tant le ventre
Des cavernes - des baleines

Un mère trop grosse
Pour un gamin inquiet
De voir la lune trop belle
Devant les bras de la nuit

Fuir
Maintenir le grain de sable
Devant l’océan autour du monde
 
 
 
Christiane Loubier

UN JOUR, JE M'EN IRAI

Publié le par christiane loubier

Un jour, je m'en irai sur un bateau tout blanc
Aux îles sous le vent, au pays des enfants
Ah oui je m'en irai, m'en irai pour la vie
Pour les jours et les soirs, les matins et les nuits

Je quitterai Paris, je quitterai la Seine
Notre Dame les quais, ma jeunesse et la tienne
Je n'irai plus jamais acheter de château,
En Espagne ou ailleurs ni faire le zigoto
 
Ni traîner ma mollesse de vieux cargo usé
Au long des noirs canaux de Paris enfiévré
Ni ne finirai plus à minuit Place Blanche
Ah je voudrais goûter à mes anciens dimanches
 
Je quitterai Paris sans même une valise
Pour larguer mon passé et toutes mes sottises
Je quitterai les fleurs du jardin de ton corps
Et ta bouche anonyme et ton cœur qui m'endort
 
Je traînerai ma vie au long des continents
Au long des rêveries, au long des océans
Et peut être au fin fond d'une mer verticale
Entre cieux et nuages et va viendra le calme
 
Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
Aux îles sous le vent au pays des enfants
Ah oui je m'en irai, m'en irai pour la vie
Pour les jours et les soirs, les matins et les nuits

Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
Aux îles sous le vent  au loin, loin oui mais quand
Ah oui je m'enfuirai, m'enfuirai pour la vie
Pour les jours, pour les nuits, pour la mort sans soucis
 
 
 
 
Enregistré par Mouloudji en 1973
Musique de Jean Musy
Paroles de Mouloudji
(Sur Internet, le texte est parfois attribué à tort à Jacques Prévert).

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