VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 6/19

Publié le par christiane loubier

Jetées sur le jardin, entortillées aux herbes, les longues
ramures ébranchées des saules. Leur peau avait bruni, elle
s’était soulevée par endroits, offrant l’abri aux cloportes,
cochons de saint Antoine, aux forficules, perce-oreilles.
Avec le printemps, le jardinier arrive. Il se penche sur elles,
fines branches mortes des saules. Il emporte dans ses bras,
le long fagot. Il les plante face à face, les incline l’une vers
l’autre. Alignées, redressées, les branches sont le tipi, le tipi

des haricots. Triangle isocèle, triangles isocèles pointés au
ciel. Les triangles sont réunis par la plus longue perche. A
l’horizontale, en hauteur, le jardinier les attache. Long
squelette vertébré de bois mort, c’est le grand tipi des
haricots à rames, la longue maison des haricots. Au pied de
chaque branche, ils sortent une crosse verte, poussent,
s’élancent en tournant au bout de leur tige, hélices vivantes.

 

 

 

Lucien Suel

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Photo : Josiane Suel

 

LES PAS

Publié le par christiane loubier

J'aime les ombres bleues
Entre le jour et la pluie
Le temps s'appuie à mon bras
Il montre les pas au bout de la nuit
Qui soulève le soleil
À la hauteur de la fenêtre ouverte
Sur l'aurore de ton épaule découverte
 
 
 
Christiane Loubier

 

TIGE

Publié le par christiane loubier

Verte mais sans mémoire
La fleur pour oreiller
Elle rêve au couchant
de jardins suspendus
 
 
 
Edmond Jabès
Le lien et les heures II

OUVERTURE

Publié le par christiane loubier

Le plus tôt levé est le merle :
à cinq heures je l'entends
dans la nuit et le froid
qui sévit encore en juin,
voix assurée, qui nous convie au jour
qui n'est pas levé encore
et dont il parle si éloquemment
que c'est en nous que la nuit vacille :
je me lèverai tôt ce matin.
 
 
Paul de Roux
Au jour le jour V. Carnets 2000-2005
 
 
 
 

Crédit photographique : © Éric Bégin