REPOSOIR
Jetées sur le jardin, entortillées aux herbes, les longues
ramures ébranchées des saules. Leur peau avait bruni, elle s’était soulevée par endroits, offrant l’abri aux cloportes, cochons de saint Antoine, aux forficules, perce-oreilles. Avec le printemps, le jardinier arrive. Il se penche sur elles, fines branches mortes des saules. Il emporte dans ses bras, le long fagot. Il les plante face à face, les incline l’une vers l’autre. Alignées, redressées, les branches sont le tipi, le tipi des haricots. Triangle isocèle, triangles isocèles pointés au ciel. Les triangles sont réunis par la plus longue perche. A l’horizontale, en hauteur, le jardinier les attache. Long squelette vertébré de bois mort, c’est le grand tipi des haricots à rames, la longue maison des haricots. Au pied de chaque branche, ils sortent une crosse verte, poussent, s’élancent en tournant au bout de leur tige, hélices vivantes.
Lucien Suel http://academie23.blogspot.ca/2014_11_01_archive.html
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Photo : Josiane Suel
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Le plus tôt levé est le merle :
à cinq heures je l'entends
dans la nuit et le froid
qui sévit encore en juin,
voix assurée, qui nous convie au jour
qui n'est pas levé encore
et dont il parle si éloquemment
que c'est en nous que la nuit vacille :
je me lèverai tôt ce matin.
Paul de Roux
Au jour le jour V. Carnets 2000-2005
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Crédit photographique : © Éric Bégin |