26 articles avec carnet du pays rapaille

LA MÉMOIRE DES MAISONS

Publié le par christiane loubier

Suis-je vraiment de ce pays
Où sont nos villages debout
Qu’avons-nous fait de nos maisons de pierre
 
 
 
Christiane Loubier

LE PAYS DÉFENDU

Publié le par christiane loubier

Tu te souviens
L’hiver entre ciel et terre
Nos bouches ouvertes
Buvaient la neige
À même les nuages

Tu te souviens
Du beau temps
Collé à la maison
L’arbre dans le foin
Répondait à toutes les espérances

Et le champ
Où nous aimions courir jusqu’à tomber
Juste pour voir le jaune
Que laissaient les pissenlits
Sur nos chevilles

En ce temps
Le pays défendu par tant d’oiseaux
Avait un sens pour les enfants poussés dehors

Pourquoi faut-il qu’on l’oublie
 
 
 
​Christiane Loubier

 

LA MALENDURANCE

Publié le par christiane loubier

Où sont nos villages debout
Qu’avons-nous fait de nos maisons de pierre
Et de nos hivers bout à bout
Le silence des statues est pesant de mémoire

Sur le chemin d’allégeance
Nous avons cousu les lèvres de nos épouvantails
Et laissé tomber semences et bétail

Bien pire que l’offense
Encore plus que les doutes
La souvenance en déroute

Avec la plume acérée
La hache et le vieux fusil du temps
Nous avons enterré les armes depuis longtemps

Les enfants de la colère ne savent plus rien
Des raisons de la malendurance
Ruines pour hier pour l'avenir
Miroir du temps révolu
Miroir des jours à venir

Allumez vos petites lampes
Il fait nuit noire
Dans le réduit de l’histoire
 
 
 
Christiane Loubier

LA DÉBÂCLE

Publié le par christiane loubier

 
Dans ce pays froid
On vit avec le fleuve
Lacs et rivières
Charriant la peine
Avec la lumière
Faisant brûler l'automne
Avant la glace
Et chavirer l'hiver
À chaque printemps
 
C'est le plus que nous pouvons supporter
 

 

 
Christiane Loubier

 

 

 

La rivière Chaudière, hier, Sainte-Marie (Beauce)

 
 

 

FORCER LE SILENCE

Publié le par christiane loubier

On m’a appris à parler
Comme si on pouvait
Boire au silence

Comme si ma langue
N’avait rien à dire
Rien à voir
Plus loin que les lèvres
Le bruit et les mots

Comme si je n’avais
Rien à comprendre
Rien à souffrir pour exister
Dans ce pays éreinté
Où ma langue a déjà su
Briser le mutisme des bêtes
Des arbres et des maisons
Qui ont aussi une ombre
Qui les suit sans raison
 
 
 
Christiane Loubier

 

LES MENDIANTS

Publié le par christiane loubier

Nous avons tant quêté

Le sens des visages

Et des flèches dans les gares

 

Nous avons tant cherché

L’erre du vent

Et des nuages dans les paysages

 

Nous n’avons rien su

De la blessure de la pierre

Du chant des mésanges

Ni même du gris des granges

 

Ombres affairées

Emportés que nous étions

Dans le cercle ouvert sept jours

Sur la blême cité

 

 

 

Christiane Loubier
 

<< < 1 2 3 4 5 > >>