ON NE BRISE PAS LE COEUR...

Publié le par christiane loubier

 

edickinson                                   

 

 

 

 

On ne brise pas le coeur avec un gourdin,

Non plus qu'avec une pierre;

Un fouet, éclair minime,

Je l'ai vu

Cingler l'être magique

Jusqu'à ce qu'il tombe;

Trop noble pourtant, pour dire

De ce  fouet le nom.

 

Magnanime est l'oiseau

Surpris par l'enfant

Qui chante la pierre

Dont il meurt.

 

Emily Dickinson

 

Couverture de la première édition des poèmes
d'Emily Dickinson
Traduction : René Char et Tina Jolas

 

 

L’ORAGE

Publié le par christiane loubier

Tu vivais toujours au jardin

Souviens-toi des cerises de terre

Tu marchais dans la saison

Le vent portait ta tête

Au-dessus des matins

 

J’allais vers toi

Genouillères aux genoux

Arrosoir au cœur

L’orage grondait

Avec ces cris d’oiseaux

Tu avais dit :

Longue est encore la course

Vers les beaux nuages

Regarde dans l’éclair

Les fenêtres battantes

Ont cassé la plainte absurde

Que la pluie enferme

 

Je n’ai retenu que la fin :

Dehors la nuit se recompose

On la dirait lavée pour toujours

 

Christiane Loubier

L’ARBRE À PLUIE

Publié le par christiane loubier

Comme une peine immense

Roulée dans un poing

L'arbre à pluie

Au-dessus des fleurs 


Peut-être le goût du vent sur ma bouche

À la lisière où l'ombre se tait


Christiane Loubier

VENEZ ME VOIR...

Publié le par christiane loubier

Venez me voir comme vient le vent

Par-dessus les peuples restés debout.

 

Armen Lubin

En pays lointain (extrait)

LE JOUR QUI VENTE

Publié le par christiane loubier

Le jour qui vente

Se souvient qu’il était nuit


J’écoute ton absence qui bouge

Dans les rideaux blancs

 

Poussière est le jour

Amour toute peine


Pourquoi pleurer le soleil couchant

Je suis la nuit

Souffle le vent

Soulevant le plumage de l’oubli

 

Rapportez-moi tout

De ce vol d’oiseaux blancs

 

Christiane Loubier

QUAND LA NUIT...

Publié le par christiane loubier

Quand la nuit est brillamment éparpillée

Lorsque la pensée est intouchable

Je dis fleur de montagne pour dire

Solitude

Je dis liberté pour dire désespoir

Et je vais bûcheron de mes pas

Égarer les mensonges

Dans une forêt de bois

Pleine de justice et de romances


Georges Schehadé

Poésies II (1948)