Vint le jour le plus court
Sous un ciel livide et sans clémence
Puis l’abandon
Et le tombeau
Sans le baume
Ni les parfums
Alors l’oiseau expira − vidé de la lumière
La lumière se voila de ténèbres
La ténèbre sous braise couva l’étoile
Tout au long de la traversée de la nuit
Christiane Loubier
L'ARBRE
L’arbre ne voyage pas
Il pousse
Il se soucie peu
Du tendre de son aubier
Il ne pense pas
Aux blessures de ses bras
Il monte
Il se hisse à la hauteur
De son ciel en couleur
Comme nous ne lui ressemblons pas
Chaque cicatrice nous replie
Dans nos plis sous l’écorce
Nous courbe
Un peu plus près de l’ombre
Un peu plus bas vers la terre
La terre berceau
La terre tombeau
Christiane Loubier
PORTÉS PÂLES
Tatoués à la hanche
Comme des troupeaux
Qui broutent l'ennui
Nous sommes portés pâles
Dans la nuit
Encore une fois
Nous n'avons rien vu
Au matin rien su
Du vêtement des ténèbres
Plié à nos genoux
Christiane Loubier
POUSSIÈRE D'OUBLI
Ce que j’ai vu, je l’ai écrit là, dans ce grand sac de voyelles Quand plus rien ne chante au-dehors un musicien qui tend son chapeau.
Guy Gofette Petits riens pour jours absolus | Guy Goffette © Jean-Luc Bertini
|
LÀ OÙ TOUT COMMENCE
Pourquoi imaginer le bout du monde
Plutôt rêver du point où tout commence
Où tout nous ramène au centre
À la première couvée d’oiseaux
Christiane Loubier
L'OISELEUR
Quand l'oiseleur fut pris au piège, Quand l'oiseleur en liberté
Maurice Carême Nonante-neuf poèmes, Entre deux mondes (1970)
| Illustration: Mathilde Loiseleur [https://www.journaldepapageno.fr/index.php/]
|