L'ÉCHARPE

Publié le par christiane loubier

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce souvenir de soie
Qui se souvient de nous
Ce n'est pas qu'il fasse froid
Le fond de l'air est doux
C'est qu'encore une fois
J'ai voulu comme un fou
Me souvenir de toi
De tes doigts sur mon cou
Me souvenir de nous
Quand on se disait vous

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce sourire de soie
Qui sourit comme nous
Sourions autrefois
Quand on se disait vous
En regardant le soir
Tomber sur nos genoux
C'est encore une fois
J'ai voulu revoir
Comment tombe le soir
Quand on s'aime à genoux

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce soupir de soie
Qui soupire après nous
C'n'est pas pour que tu voies
Comme je m'ennuie sans toi
C'est qu'il y a toujours
L'empreinte sur mon cou
L'empreinte de tes doigts
De tes doigts qui se nouent
L'empreinte de ce jour
Où les doigts se dénouent

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Cette écharpe de soie
Que tu portais chez nous
Ce n'est pas qu'il fasse froid
Le fond de l'air est doux
Ce n'est pas qu'il fasse froid
Le fond de l'air est doux.
 
 

Maurice Fanon (paroles et musique)

 

Chanté ici par Félix Leclerc

 

 
 
 

EN MOUCHOIRS

Publié le par christiane loubier

La neige qui tombe
Blanche en silence
Ne sait rien
De nos terres brûlées
Par le froid
De nos lèvres soudées
Par le gel
De nos miroirs
Volés en éclats de givre

La neige qui tombe
Blanche en mouchoirs
Ne peut pas nous consoler
Des pires naufrages
Encore bien moins
Des faux plis de l’âge

La neige qui tombe
Blanche en silence
Ne sait rien des ombres
Ni du vent sur les tombes
 
 
 
Christiane Loubier

À QUOI BON...

Publié le par christiane loubier

Mercredi 3 septembre
 
 
À quoi bon écrire ? La vie est une cage de mots vides.
 
 
 
Edward le Hamster
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
         

 

   
Le journal d'Edward, hamster nihiliste
1990-1990
Transcrit du langage Hamster par
Miriam Elia et Ezra Elia
Traduit de l'anglais par Rose Labourie
 
   

 

LES LATTES DU PARQUET...

Publié le par christiane loubier

Les lattes du parquet
si diverses
courbes et veines :
il y eut un temps pour la croissance
pour l'arbre abattu, la découpe,
l'assemblage, la cire.

Désormais très peu songent à une forêt
ou à l'odeur des menuiseries alentour
quand ils marchent sur ces lattes avec leurs soucis
ou qu'ils vont, pieds nus, vers l'amour, le voyage.

 


Marie-Claire Bancquart
Terre énergumène
Le Castor Astral, 2009
 

PASSER L'HIVER

Publié le par christiane loubier

J'aurai encore laissé passer l'hiver
Sans refaire la charpente mangée aux vers
Et ni enfin écrire cette lettre
Sur l'amour, sur le vide rongeant l'être

J'aurai aimé mal, très, toutes mes femmes
Mal entretenu tous mes feux et flammes
Je n'aurai pas vu le mot sous la porte
Mais j'aurai hurlé dans des sonos mortes

J'aurai mal parlé pour mes espérances
Dépensé tout le bien de mes parents
Dans toutes les danses perdu mon pas
Fait le coup de poing où il fallait pas

J'aurai convoqué les mots et les dieux
Sans retenir l'eau crevant le barrage
Ni les poissons d'or sautant dans tes yeux
Ni la silhouette avec son bagage

J'aurai attendu longtemps l'aube et l'homme
Puis je me serai endormi trop tôt
Quand j'étais peut-être l'aube et cet homme
J'ai froid dans mon manteau

La nuit se dévide et le soleil fond
Et j'aurai laissé courir sur son aire
Le beau bateau. Il est échoué sur les hauts-fonds
De tes yeux, ton silence, ton désert !

J'aurai laissé mon fils comme un voleur
Fuir par la porte étroite sous mon coeur
S'en alla chercher une balle au front
Mon petit combattant, ma ressemblance...

J'aurai toujours pris la vie de très haut
Et sans avoir pas trahi père et mère
J'aurai laissé par le carreau cassé entrer l'hiver
J'aurai laissé mourir de froid tous mes oiseaux
 
 
Jacques Bertin
 
Plain-chant pleine page, Poèmes et chansons 1968-1992
Poème mis en musique et chanté par l'auteur
 
 

 

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