LA NUIT
À la nuit
Je n’ai plus rien à dire
Mon silence est en position de givre
Tu peux m’offrir de la neige
Le ciel est à mon chevet
Christiane Loubier
Il fait si sombre
À l’ouest du silence
Avant d’entrer dans la nuit
N’oublie pas d’y aller seul
Et d’éteindre
L’ombre sort toujours vainqueur
De la dispute avec les lampes
Christiane Loubier
Poème publié dans Bordures du champ secret
Entre deux nuits
Le temps qui résonne
Des mots pour personne
Les oiseaux et leur science
L’eau et son silence
Entre deux nuits
Entre deux lignes de ma vie
Christiane Loubier
J’ai appris
Comme les autres
À découper
Le temps des jours
Pas celui des nuits
On enlève sa montre
Avant d’aller se coucher
Comme si on pouvait noyer
Le pendule dans l’encrier
Comme si les chats des ruelles
Ne pouvaient pas éventrer
Les oreillers du silence
Comme si l’ombre
Ne nous regardait pas
Comme si la mort
Pouvait elle aussi
S’endormir sur le côté
Christiane Loubier
Aimer a si peu à voir
Avec l’arrogance des corps
Lorsque le désir se couche
Et que l’amour veille
Au chevet d’un ciel
Qui accouche de la nuit
Christiane Loubier
Épaves amoureuses
Quel marin de légende
Abandonnez-vous à mon chant
Dans le miroir des flots
La rumeur de la houle
Déferle son hymne d’écumes
Et d’étoiles englouties
L’amour mène à la mer
L’amour mène à la mort
C’est là que je demeure
Dans la nuit océane
Christiane Loubier
Poème publié dans Bordures du champ secret