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L'AUTOMNE NÉBULEUX, TOUS LES ANS, POUR GÉMIR...
Triste journée d'automne, façon « tisane froide » à la Ponge. Ce matin, visite rituelle au petit cimetière de Sologne bourbonnaise. Retour par les campagnes mélancoliques, « paix des pâtis » sous le ciel gris. Déjeuner frugal, sieste et lecture. Au-dehors,...
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FOLLE AVOINE
L’histoire est un pré On a bien tout fauché On a bien tout tassé Au grenier de la mémoire Les granges se noient dans les blés Je ne veux rien oublier Les bras des ouvreurs de chemin La vaillance des chevaux Les maisons blanchies à la chaux La rivière...
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L'EN-ALLÉE
Flots de rubans Pour la mariée de dentelle Mousseline et percale Pour hanches amoureuses De belles coutures au soleil Mercerie du commencement Ni chevelure Ni corsage Ne souffriront un ciel Piqué d’éphémère Dans la penderie aux vanités Le voile ajouré...
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PASSE L'OISEAU
Pois en fleurs au jardin Il fait les cent pas Sur la galerie étroite Elle est morte ce matin Pourtant sa pioche est là Encore avec les roses Immobiles pas plus qu’elle Mes yeux las de soleil S’en vont dormir Dans leurs nids d’ombre Ma main fatiguée de...
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CANTIQUE DE LA PETITE
Dans le pré Petite fille inachevée Jouant au bord du temps A vec les levants - les couchants Avec la rosée amie Des bleus d’enfants Femme des heures claires Cueillant lucioles Et lumières secrètes Ne voulant pas croire aux oiseaux Qui mangent le pain...
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UN CIEL SANS ADRESSE
Partir pour l’envol Je ne suis plus ici C’est pour les autres Le chiendent Le vent cru Les maisons froides Les meubles qui ne meublent rien Les adresses sans soleil J’ai quitté mes fleurs J’ai quitté le fleuve Je ne suis pas dehors J’ai fait ma géographie...
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UN COUP DE DÉS C'EST L'ÉTÉ
Un coup de dés c'est l'été haut sur les plaies de la terre Vivre s'écrit d'un seul geai rémiges dans les ramures Le poème prisonnier s'est libéré sur parole Et le verre de l'amitié pétille d'un sang d'étoiles D'hier de brume et de pluie s'en est allée...
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À JAMAIS PLUS
Je me réveille avec un cri Ce n’est pas un rêve Je suis où tu n’es plus Une détonation en mer Non – un bruit comme le tonnerre Lorsqu’il tombe en pierre Tu ne désirais pas l’été Tu n’aimais que la nuit Les fleurs d’orage Les cordes de pluie Ta nuit aimée...
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MARS À L'ÉTABLE
Assez du sombre et du triste, de la litière qui pue le rance et de l'oubli, assez du vent qui siffle par-desssous la porte comme un serpent : nous voulons vivre dans le vert et mettre le ciel à nos cornes comme un ruban de fêtes. Le lait du cachot est...
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L'AVALANCHE
Tout semble en partance L’amour aussi serait de l’ombre De la neige fondante Dans l’éclair du printemps De la ouate du coton des nuages Épongeant ces yeux bleuis Engloutis par l’avalanche D’une saison d’absence Peut-être que j’invente Parce que je porte...
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LA BRUME S'ÉTAIT LEVÉE...
La brume s'était levée. Les toiles vides Étaient retournées contre le mur. Le petit chat est mort (disait la chanson). Serai-je ressuscité de la mort, demande l'esprit. Et le soleil dit oui. Et le désert répond ta voix n'est que du sable dispersé dans...
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LA PARULINE FLAMBOYANTE
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ÉCORCE
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14 AOÛT 1959
Vendredi 14 août 1959 Plaisir de trouver à Cerisy Mme Micha (Ghislaine). Elle me parle du langage canadien : pour une femme: exquise, on dit : « Un saint chrème de femme », pour une belle maison, « un tabernacle de maison »... Guillevic est là : ses gros...
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LA NEIGE
Elle est venue de plus loin que les routes, Elle a touché le pré, l'ocre des fleurs, De cette main qui écrit en fumée, Elle a vaincu le temps par le silence. Davantage de lumière ce soir A cause de la neige. On dirait que des feuilles brûlent, devant...
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L'AUTRE MESSAGE
Quand il a lu le dernier mot Il cherche encore au creux de l'enveloppe autre chose, un signe impalpable plus fin qu'une épingle, un souffle qui serait parvenu clandestinement ici, loin de la mer, comme des grains de sable recueillis au fond d'un soulier...
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LA CHANSON DE MAGLIA
Vous êtes bien belle et je suis bien laid. À vous la splendeur de rayons baignée; À moi la poussière, à moi l'araignée. Vous êtes bien belle et je suis bien laid ; Soyez la fenêtre et moi le volet. Nous réglerons tout dans notre réduit. Je protégerai...
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L'ARBRE
L’arbre ne voyage pas Il pousse Il se soucie peu Du tendre de son aubier Il ne pense pas Aux blessures de ses bras Il monte Il se hisse à la hauteur De son ciel en couleur Comme nous ne lui ressemblons pas Chaque cicatrice nous replie Dans nos plis sous...
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LES MIETTES DU BONHEUR...
X Les miettes du bonheur en gros pain de ménage feraient bien de son propre aveu à la table du fol l'ordinaire du sage mais est-on sage comme on veut? Si je l'étais je saisirais par les cheveux la fortune de vivre ici sans plus de voeux dans mon jardin...
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RETOUR
On ne dit pas le retour de l'enfant Ni si Noël neigeait sur la soirée, S'il lui sembla vers l'église éclairée, Entendre un chant doucement triomphant, [...] On ne dit pas le retour de l'enfant; Mais entends doucement quand tu y penses, Dans ton enfance...
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ELLE S'APPROCHE DU MIROIR ROND...
Elle s'approche du miroir rondcomme une bouche d'enfantqui ne sait pas mentir,vêtue d'une robe de chambre bleuequi s'use elle aussi. Cheveux bientôt couleur de cendresous le très lent feu du temps. Le soleil du petit matinfortifie encore son ombre. Philippe...
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BORD DE MER
Dans un carnet fermé par un élastiqueRose froissée oubliée après l’étéDans la baie des sables premiersOù sont calées les pierresCoquilles carcasses et squelettesSignées par la vague Un peu de sableDans mes mains au crépusculeS’écoule en vainNe laissant...
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HIVER, BEL HIVER
Hiver, bel hiver, beau berceau,Toute la journée est éteinte,La neige amassée au carreauEst du bleu même des jacinthes,Le temps passé n'a plus d'écho. Dans l'alcôve ce bleu neigeuxTend une écharpe de silence,Et c'est le voile de nos jeux,C'est le bain...
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PAUL DE ROUX
Chaque matin, et quel que soit le temps, Hélios nous prend dans ses bras : "Tout est à voir", dit la lumière qui éclaire la tuile fêlée, la mouche, ce visage émacié, la pariétaire des vieux murs, les pigeons en quête de miettes, et nous cherchant le regard...
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CELUI QUI ENTRE PAR HASARD
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui Que chaque nœud du bois renferme davantage De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme À la tombée du...