Top articles
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PLACE FORTE
Dans nos murs La faim n’est jamais immense Les départs jamais grands Les adieux jamais près des cieux Hors les murs C’est encore les murs Falaise contre la mer Cap contre la bonne espérance Et les cloîtres dressés contre les amants Haut mur Avant l’éternité...
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ARROSE LES FLEURS
J’ai reçu ce matin la lettre où tu m’écris De prendre soin de moi et je t’en remercie Que tu vas me reviendre et tout ça et qu’on s’aime « Et arrose les fleurs une fois par semaine » Mon amour, je te jure, les fleurs, je les fais boire Ensemble on est...
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CORNEILLE MA COLOMBE
Corneille ma colombe en deuil Corneille tu m'enivres Corneille le printemps Corneille ton vieux chant De clôture en clôture Chasse le mauvais temps De nos hivers De la froidure De tout ce qu'on endure Quand la vie nous est dure Et que trame le temps......
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JE VEUX D'AUTRES OMBRES D'OR...
Quiero otras sombras de oro, otras palmeras con otros vuelos de aves extranjeras, quiero calles distintas, en la nieve, un barro diferente cuando llueve, quiero el férvido olor de otras maderas, quiero el fuego con llamas forasteras, otras canciones,...
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À L'AIDE DE LA PLUME...
À l'aide de la plume du crayon et des ratures qui éraflent les copies grâce à l'encre trempée d'océan et de distance avec les feux oubliés dans la mémoire secrète et le souffle qui ramène mon regard et mes pas dans la poudre disparus je soulève une trace...
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QUE C'EST DIFFICILE À FAIRE SANS ROUGE...
Que c'est difficile à faire sans rouge ni Bleu ni aucune couleur, avec seulement Les mots qui n’ont aucune réalité que le souffle Et que pas tout le monde en tel temps et en tel Espace est censé accueillir selon leur sens : Aussi qui propose un nouvel...
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UN SEUL JOUR D'AUTOMNE
Le fusain est enflammé Les nids sont vides On sait d’avance Comment vient l’automne Il y a le givre L’odeur de la terre retournée Le soleil pâle de l’après-midi Il y a l’espoir en fagots Les juncos ardoisés Un seul jour d’automne Suffit pour nous montrer...
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SOUVIENS-TOI D'OUBLIER
[...] Cassé le sablier Il a mauvaise mémoire Mon âme est dans l'armoire Sous votre tablier. Gilles Vigneault Souviens-toi d'oublier (extrait) Tam ti delam, éditions de L'ARC Québec, 1967 Source : détail reproduit à partir d'une image du site : Les Éditions...
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POTIRON SEC DÉCORÉ PAR UN PEINTRE NAÏF
Le petit cheval brun galope sans selle, sans cavalier. Vers ce soleil qui est aussi une fleur? Ou bien fuit-il cette autre fleur géante qui est peut-être un pire soleil ou une plante carnivore ou une plante trop belle pour ses yeux de cheval? Le petit...
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ABIES CAMPANILE
vulg. genévrier à cloche Dans un profond remords d'être de pierre inerte, Un fin clocher voulut se dépétrifier ... Il pria; et son vœu si haut donna l'alerte A quelque saint du ciel qui put le gratifier. Le lendemain, ce clocher faisait branches, Ses...
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BLANCHE COMME...
Blanche comme un monotrope Rouge comme une lobélie Fabuleuse comme une lune à midi Heure de février— Emily Dickinson Emily Dickinson, 40 poèmes, Liberté, vol. 28, n° 2, 1986, p. 21-50. Traduction française par Charlotte Melançon Tous droits réservés ©...
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QUINCAILLERIE
Dans une quincaillerie de détail en province des hommes vont choisir des vis et des écrous et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux ou roidis ou rebelles. La large boutique s'emplit d'un air bleuté, dans son odeur de fer de jeunes femmes...
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CHEMIN DE VILLAGE
Les étourneaux clabaudent l'automne et parfois, j'entends claquer les portes à deux reprises dont une fois en rêve Qui nous a donné les images, les pommes rouges, au jardin du charbonnier sans rime ni raison, mais dans l'idée de partager notre défaite....
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CAFÉ RENARD
Le grand comptoir de marbre Des verres plein le dos Craque comme un vieil arbre Quand on s'y appuie trop Au plafond de vieux lustres Ont des lueurs fanées Lentement les minutes Passent dans la fumée Au bar-tabac De la rue Renard Tombe le soir Et tu n'est...
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LES ANÉMONES D'OCTOBRE
Fin de l’automne Dépouillement consenti De la vie devenue matière sombre Au fond du jour Les anémones e ffaçaient les ombres Lumière blanche ravie au silence Déchiré par le bruit de fuite Du grand cerf inquiet Ciel rouge dans l’œil D’une terre que l’on...
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JE VOUDRAIS ÊTRE UNE PIERRE
À Claude Rivière Je voudrais être une pierre D'un chemin abandonné, Une pierre bien usée Par d'anciens passages d'hommes, De chars alourdis de gerbes Et de troupeaux inclinés. Je voudrais être une pierre Au sommet d'une colline, Une pierre ronde et bleue...
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DÉCLARATION DE GUERRE
Les grivolives ont tiré leur révérence oiseuse et les plectrophanes neigeux tiennent toute la place et plongent dans mes yeux jusqu’à la garde un pays sans arme à tirer de l’oubli j’observe bien sûr dans la mesure du possible et de la guerre les règles...
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À MICHEL BRAULT...
à Michel Brault et à Marie-Marthe La nuit, le nymphéa est une lampe sur l'eau morte où la couleuvre verte est un éclair mouillé. Michel Brault à la caméra, coréalisateur avec Pierre Perrault du film Pour la suite du monde (1963). Ce documentaire sur la...
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FABLE
Les mots sont des loups Disait ma grand-mère Qui avait peur de tout Les mots sur votre chemin Vous suivent – Vous séduisent Mots travestis pour s’éprendre Mots coulants pour se pendre Dans la forêt Bruissement de mots Envolés avec les louves Disparus...
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UNE POULE SUR UN MUR...
Une poule sur un mur Qui picotait du pain dur, Picoti, picota, Lève la queue et saute en bas. Une poule sur un mur, comptine illustrée par Nicole Boyaval, 6 ans, à Méricourt, France Dessin de la quatrième de couverture. Les comptines de langue française,...
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LES ANCÊTRES
D'aussi loin que je me souvienne Ils étaient faits pour le bonheur Pour une vie trop quotidienne Et pour le pire et le meilleur Je parle d'eux sans les nommer Car vous portez un peu leurs noms Je sais qu'ils étaient pauvres et bons Qu'ils étaient tous...
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L'ÉCHARPE
Si je porte à mon cou En souvenir de toi Ce souvenir de soie Qui se souvient de nous Ce n'est pas qu'il fasse froid Le fond de l'air est doux C'est qu'encore une fois J'ai voulu comme un fou Me souvenir de toi De tes doigts sur mon cou Me souvenir de...
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ABIES PARADIS II
Le solstice d'hiver avait été clément, Et Noël confirma ce tout petit miracle : Dans le bois résineux, les pigeons au pinacle, Les pervenches en bas, commençaient le printemps. Deux fiancés jouaient au paradis, N'y mettant pas les mains, mais le diable...
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ALIÉNATION
Aliénée Je circule en vain dans un pays où l'on rêve parfois où l'on parle peut-être d'un silence taillé dans l'épaisseur du bruit. Défense de franchir ce château qui m'étreint. Défense même d'y trouver des larmes dans les coins. Angèle Vannier Le sang...
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LE GESTE ANCIEN...
XVIII Le geste ancien de boire Les deux mains sur le bol Quand l'horloge sonnait Dans l'odeur de l'étable Le bois épais des bancs Et de la table usée, Où des mains s'accrochèrent Qui tremblaient de colère. Eugène. Guillevic Terraqué, Ensemble (1945) Dessin...