DANS LA MARGE

Publié le par christiane loubier

Certains arbres de la même espèce,
poussant côte à côte déclenchent un
mécanisme qui permet d’éviter que
leurs cimes ne se touchent, laissant
entre elles une “fente de timidité”
d’environ 1 mètre de large. La
canopée prend  alors l’allure
d’un puzzle.
 
 
 
Francis Hallé
Éloge de la plante
 
 
 

Source de la photo : https://fr.wikipedia.org/wiki/Timidité_(botanique)

​Écouter Francis Hallé parler de la timidité des arbres (voir vidéo)

 

 

 

 

 

 

 

 

LA BOUCLE

Publié le par christiane loubier

On ne cueille plus rien
Aux arbres de novembre
L’hiver aux fruits absents
Laissera entrer la neige
Dans la cuisine

Dans un autre cycle
Nous retrouverons
Ce qui aujourd’hui nous fuit

La vie  se répète
Seule ma mort est sans retour
 
 
 
Christiane Loubier
 

LE JOUR EST SI FRAGILE...

Publié le par christiane loubier

                                       
 
 
                                      I
 
 
 
 
Le jour est si fragile, à la corne du bois
que je ne sais plus où ni comment ce matin
poser mes yeux, ma voix, poser ce corps d’argile
si drôlement qui craque à la croisée des ombres.

J’ai peur soudain, ou peur de n’être que cela :
une poignée de terre qu’un souffle obscur de l’aube
tient dans sa paume, et qu’il ne s’épuise d’un coup
et me laisse tomber dans la poussière du temps,

comme ces fruits qu’aucune bouche n’a touchés
et qui roulent sans fin dans la nuit des famines
Seigneur, si vous êtes ce souffle obscur et si
fragile à la corne du bois, et si je suis

ce corps, resserrez votre paume, resserrez-la.
 
 
 
Guy Gofette
L'adieu aux lisières, Psaumes pour le temps qui me dure d'être sans toi, I

 

 

 

LA VEILLÉE FUNÈBRE

Publié le par christiane loubier

On ne fait pas de bruit
dans la chambre des morts :
on lève la bougie
et les voit s'éloigner.

J'élève un peu la voix
sur le seuil de la porte
et je dis quelques mots
pour éclairer leur route.

Mais ceux qui ont prié
même de sous la neige,
l'oiseau du petit jour
vient leur voix relayer.
 
 
 
Philippe Jaccottet
L'ignorant, Paroles dans l'air (1953-1956)

LE CERF

Publié le par christiane loubier

Enfant de la forêt reste fidèle à l'ombre,
Cerf au pied délié, ami des rois défunts,
Tu portes sur ton front la couronne des nombres
Et dans ton œil en pleurs, la vierge au doux parfum.
 
 
 
Louise de Vilmorin
L'alphabet des aveux, Fantaisies
 
 
 
 
 
 
Louise de Vilmorin (jeune)
Sa devise : Au secours !

 

APRÈS CE DÉLUGE

Publié le par christiane loubier

Après ce déluge 
j’aimerais voir la colombe 
et rien que la colombe 
encore une fois sauvée. 
 
Je sombrerais sans doute dans cette mer !
si elle ne s’envolait  
si elle n’apportait pas 
à la dernière heure la feuille.
 
 
 
 
 
 
Ingeborg Bachmann
 
Toute pesronne qui tombe a des ailes
Poèmes 1957-1961
Traduction de l'allemand (Autriche) : Françoise Rétif

 

 

 

 

Photographie :
http://www.tagesspiegel.de/kultur/spaete-entdeckung-
ingeborg-bachmanns-kriegstagebuch/1805272.html

 

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