TUER LA VIE BAVARDE
Les mains éplucheuses
Salaient la soupe du soir
Le jour allait finir
Mais tout bruitait dehors
Les autos les camions
Les autobus et les taxis éternels
Chez les voisins on veillait fort
Tandis que tremblaient les grands conifères
Paix lumière où vous cachez-vous
Dans quelle cave grise
Dans quel ravalement sombre
Dans quel grenier vide
Sous quel plancher de bois sale
Où vous cachez-vous
Dans quelle chambre mal éclairée du monde
Ils étaient tous occupés à naître
Le bœuf l'âne et le petit Jésus
La nuit sainte allait tomber
Sur les petites haies couronnées d'épines
Pendant que les vieux
D'habitude taiseux
Racontaient de belles ouvrages
Dans leurs fourrures de Noël
Avec la lampe à l'huile
Aussi fragile que leurs ombres se glissant
Avec la lumière tranquille
Entre les murs de la maison renfermée