SEPTEMBRE TRISMÉGISTE
C'était, il m'en souvient, à mitan de mon âge
je sortais de l'enfance
septembre, je le revois, s'achève sur les cimes
le donjon sourit au soir de bronze
qui me forge une armure aux couleurs du soleil
les bleuets, l'œillet, les marguerites
imposent le drapeau d'une insolite floraison
à la glèbe brisée sous la nocturne tramontane.
Les murs battent des ailes
par la joie des perdrix « interdite la chasse »
Les lièvres découpent les pentes en angles gris
les garennes osent la distance
les noisetiers penchent leur blondeur triste,
déserts d'écureuils, la récolte accomplie.
Le sorbier en ses outres agite des paillettes
où titubent les rires des passereaux.
Les perles de lune réjouissent l'églantier
que les agnelles pillent pour parer leurs toisons.
La guerre ignore la trêve des montagnes.
Le bruit des bombes donne forme au retour
Les portes des prisons ne savent plus s'ouvrir.
Bel incendiaire, l'artificier qu'appellent les sirènes...
Les trains sans regard disparaissent
vers un nord jamais atteint.
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Geneviève Laporte |
Dessin de Picasso (Geneviève Laporte) |