COMMUNE PRÉSENCE
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II Tu es pressé d'écrire Comme si tu étais en retard sur la vie S'il en est ainsi fais cortège à tes sources Hâte-toi Hâte-toi de transmettre Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance Effectivement tu es en retard sur la vie La vie inexprimable La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés Au bout de combats sans merci Hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière Si tu rencontres la mort durant ton labeur Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride En t'inclinant Si tu veux rire Offre ta soumission Jamais tes armes Tu as été créé pour des moments peu communs Modifie-toi disparais sans regret Au gré de la rigueur suave Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit Sans interruption Sans égarement
Essaime la poussière Nul ne décèlera votre union.
René Char |
Moulin premier, 1936 |