VESTIGES

Publié le par christiane loubier

Il ne reste de l’été
Que des peaux d’humains
Brulées par le soleil

En une seule nuit
Le froid a décapité les fleurs

On tue toujours en automne
 
 
 
Christiane Loubier

LA CULTURE CE N'EST PAS...

Publié le par christiane loubier

La culture ce n’est pas avoir le cerveau farci de dates,
de noms ou de chiffres, c’est la qualité du jugement,
l’exigence logique, l’appétit de la preuve, la notion de la
complexité des choses et de l’arduité des problèmes.
C’est l’habitude du doute, le discernement dans la méfiance,
la modestie d’opinion, la patience d’ignorer, la certitude qu’on
n’a jamais tout le vrai en partage; c’est avoir l’esprit ferme sans
l’avoir rigide, c’est être armé contre le flou et aussi contre la
fausse précision, c’est refuser tous les fanatismes et jusqu’à
ceux qui s’autorisent de la raison; c’est suspecter les
dogmatismes officiels mais sans profit pour les charlatans,
c’est révérer le génie mais sans en faire une idole, c’est
toujours préférer ce qui est à ce qu’on préférerait qui fût.

 

 


Jean Rostand
Le droit d’être naturaliste, 1963

 

AVEC LES OMBRES

Publié le par christiane loubier

Porteur d’un peu de nuit
À force d’âge
De semence — de patience
Tu reconnaîtras les ombres

Tes yeux suivront l’éclair
À faire rougir
La pluie et le soleil
Dans la même lumière

Porteur d’un peu de peine
D’un peu de pluie
Tes bras voyageront avec les oiseaux


 
 
Christiane Loubier

QUE JE PARTE

Publié le par christiane loubier

que je parte
au pays le plus
lointain

que je perde
l'image
la plus proche

je ne quitte
pas la même
fenêtre
 
 
 
Silvia Baron Supervielle
 
Autour du vide, Arfuyen, 2008
 

LE PAYS DÉFENDU

Publié le par christiane loubier

Tu te souviens
L’hiver entre ciel et terre
Nos bouches ouvertes
Buvaient la neige
À même les nuages

Tu te souviens
Du beau temps
Collé à la maison
L’arbre dans le foin
Répondait à toutes les espérances

Et le champ
Où nous aimions courir jusqu’à tomber
Juste pour voir le jaune
Que laissaient les pissenlits
Sur nos chevilles

En ce temps
Le pays défendu par tant d’oiseaux
Avait un sens pour les enfants poussés dehors

Pourquoi faut-il qu’on l’oublie
 
 
 
​Christiane Loubier

 

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