PRESCIENCE
Ses mains de feuilles froissées
Creusent le terreau pour abrier
Les rosiers avant l’hiver
Il faudra aussi diviser les dahlias
Et voiler les plantes fragiles
La saison est fidèle
La fatigue aussi
Elle insiste trop
Sur ses vertèbres sacrées
Encore aujourd’hui
Il pourra s’asseoir dans le jardin
Un dernier repos dans la lumière
Sous le tilleul aux feuilles jaunes
C’est toujours en octobre
Qu’il commence
À chauffer la maison
Enfin la porte de la vieille armoire
Fermera de nouveau avec justesse
Paisiblement à chaque automne
Il se demande lequel des draps
Bien pliés dans l’ancien meuble
Sera son linceul
Christiane Loubier