PRESCIENCE

Publié le par christiane loubier

Ses mains de feuilles froissées
Creusent le terreau pour abrier
Les rosiers avant l’hiver
Il faudra aussi diviser les dahlias
Et voiler les plantes fragiles
 
La saison est fidèle
La fatigue aussi
Elle insiste trop
Sur ses vertèbres sacrées
 
Encore aujourd’hui
Il pourra s’asseoir dans le jardin
Un dernier repos dans la lumière
Sous le tilleul aux feuilles jaunes
 
C’est toujours en octobre
Qu’il commence
À chauffer la maison
Enfin la porte de la vieille armoire
Fermera de nouveau avec justesse
 
Paisiblement à chaque automne
Il se demande lequel des draps
Bien pliés dans l’ancien meuble
Sera son linceul
 
 
 
Christiane Loubier

Publié dans Carnet de l'automne

Commenter cet article

G
Longtemps hésité avant de commenter ce beau poème. Pas sûr de voir juste, mais dans cette narration du retour fidèle des saisons, de l’habitude et de la lassitude, dont la fin semble funèbre, je perçois une sorte de plénitude, de contentement, et même l’esquisse d’un sourire, lui aussi un peu fatigué. Lecture fidèle ou délirante?
Répondre
C
gd, vous avez vu juste comme toujours. Je voulais que tout soit serein, même la prescience de la mort. Pas d'angoisse non plus dans la question de la fin. Il aurait pu aussi s'interroger, comme on le fait parfois, sur le mois ou la saison de sa mort. J'aime bien l'idée du sourire fatigué. Toujours très stimulantes vos lectures. Merci de commenter comme vous le faites.<br /> Christiane