LES VÉRANDAS
Avec son poids de sagesse et d’ennui
la vieillesse est une source vaine
où boivent ceux qui n’ont plus soif
dans les villages les vérandas
sont les parloirs de l’été
du printemps quand il est doux
de l’automne quand il tarde
on y remue des regrets imprécis
des projets peut-être, mais peu pressés
une grande douceur de déroute
le juste quotidien accordé au passage du temps
on attend que le jour abandonne
les quelques heures qu’il a toujours de trop
cet espace de jours avec soin repliés, rangés, oubliés
c’est là que la vieillesse s’apprête et gagne
dans un demi-bonheur qui ferme les yeux
et que taisent les paroles
parfois la vie déjà faite remonte
plus vive et plus limpide
révèle l’intelligence du temps
c’est là que se rassemble la fin du jour
quand il va se dissoudre.
G. Dion