ELLES ACCOUCHENT...

Publié le par christiane loubier

Elles accouchent à cheval sur une tombe,

le jour brille un instant, puis c’est la nuit à nouveau.

 


Samuel Beckett

En attendant Godot

LA HACHE

Publié le par christiane loubier

Dans ce bois debout

Sous les grands cyprès

Tu étais l’alphabet

 

J’étais la hache

Le silence affuté

Pour transformer la blessure

En quelque chose qui dure

 

Dépouillement du cœur jamais atteint

Les mots en trop ne prouvent rien

La souffrance qui en découle

Encore bien moins

 

 

 

Christiane Loubier

À QUI DIRA-T-IL

Publié le par christiane loubier

À qui dira-t-il

Comme il aime le lierre

Qu'il en cherche au bois

Une grande épaisseur

Pour hiverner.

 

 

GuillevicTerraqué

L'INACHEVÉ

Publié le par christiane loubier

Il est juste qu’il neige

Sur nos lèvres cousues

En points de croix

 

Il aurait fallu le gros fil

L’aiguille et la main agile

Pour tenir assemblés les heures

Les jours et l’envers des jours

Pour comprendre le sens

De cette courtepointe recouvrant le pays

 

Depuis que nous tenons la lampe

Toutes nos mémoires 

N’ont jamais été bien cousues

Autrement nous aurions su

Que cette colère était aussi la nôtre

 

Nous aurions su 

Quelque chose de nous-mêmes

Dont nous cherchions partout

Des traces du jamais su

Qui a fait pleuvoir le soleil

Avec la taciturne fin

 

 

 

Christiane Loubier

L'ÉNIGME

Publié le par christiane loubier

Le vide que laisse novembre

La vie invisible se glisse

Entre la pensée et le printemps

L’hiver témoigne de l’énigme

 

 

 

Christiane Loubier

L'AUTOMNE NÉBULEUX, TOUS LES ANS, POUR GÉMIR...

Publié le par christiane loubier

 

Triste journée d'automne, façon « tisane froide » à la Ponge.


Ce matin, visite rituelle au petit cimetière de Sologne bourbonnaise.
Retour par les campagnes mélancoliques, « paix des pâtis » sous le ciel gris.
Déjeuner frugal, sieste et lecture. Au-dehors, pluie et brouillard.


La nuit tombe vite. On se pelotonne dans le vieux fauteuil au cuir lacéré,
naguère, par les chats ; on se caparaçonne de lainages et de tricots, de plaids,
de châles, de couvertures, douillette clochardisation domestique.


On feuillette un mince recueil de Sinisgalli, s'agaçant d'y trouver une
coquille — « crapaud » dans la limpide perfection d'un quatrain laconique :

 

Chaque année la distance change
entre les choses qui m'entoureny
même si je reste perclus
même si les choses sont inanimées.

 

 

 

 

Constantin Copronyme