PAS DE PRINTEMPS
Repassez un autre jour
Les glaçons pendent aux lucarnes
Le vent refoule les oiseaux
Comme en hiver
Le fleuve est un cimetière de glaces
Et les loups marchent toujours dans la nuit
Mais pourquoi encore cette neige sur tes épaules
Un rapide corbillard Trotte sous les branches douces. L’air rose entoure le char Et le vent le pousse. Cécile Sauvage
1983-1927
Fumées
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Cécile Sauvage en 1910, avec son époux Pierre Messiaen
et leur fils, Olivier Messiaen
Auteur de la photo : Inconnu — The Life of Messiaen,
Christopher Dingle
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Lorsque mes yeux cesseront de guetter La première hirondelle Qu’ils seront impuissants à reconnaître Le printemps fidèle Lorsque mes mains ne pourront plus toucher le vent Et que je perdrai de vue le fleuve Laissez-moi quitter mes eaux Avant qu’il ne pleuve Sur mon lit de roseaux Si je deviens trop frêle Pour mordre dans votre chair Trop pâle pour rougir Encore de vos mots d’amour Relisez-moi vos serments des anciens jours Et lorsque je serai éteinte Remettez-moi dans mes plumes Que je puisse pleurer les ombres Quand je serai enfin morte Laissez-moi enterrée en moi-même Nourrissez mes oiseaux tendrement Et jugez-moi mêmement Christiane Loubier
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Page de manuscrit provenant du Vienna dioscorides
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